Beaucage et Pineault en mode show

Écrit par Virginie Landry

Qu’arrive-t-il lorsqu’on fait se rencontrer Guillaume Pineault et David Beaucage — deux humoristes de la scène québécoise aux styles complètement différents — pour leur parler d’humour ? Du gros, gros fun. Des conversations qui n’en finissent plus. Et un sentiment que ces deux-là se ressemblent plus qu’ils ne le pensent.

Après avoir rodé son spectacle au Théâtre Alphonse-Desjardins, le raconteur Guillaume Pineault vient présenter son deuxième, Vulnérable, pour une quatrième fois au Théâtre Hector-Charland. « L’Assomption est une ville qui me comprend », avoue-t-il, ému.

Quant à David Beaucage, qui a pratiqué ses farces absurdes (« et un peu zouzou ») à L’Ange Cornu à l’été 2024, il débarquera cet automne sur les planches du Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny pour son premier one-man-show.

Leurs parcours différents (mais pas tant !) dépeignent parfaitement l’incroyable synergie de l’écosystème culturel de la région ainsi que la progression personnelle de leur carrière respective.

Vivre de son humour

L’humour a toujours été le plan A de Guillaume ainsi que de David, bien qu’ils s’y soient tous les deux rendus par différents chemins, chacun à leur rythme.

Refusé à l’École de l’humour en 2009, Guillaume choisit alors d’étudier en ostéopathie et pratique l’ergothérapie pendant six ans (à Repentigny !). À temps perdu, il rédige quelques blagues qu’il conserve dans un document sur son ordinateur, en attendant le jour où il pourra se consacrer à l’humour. Son spectacle Détour voit le jour en 2022.

David, lui, a commencé sa carrière en humour en participant à l’écriture de spectacles d’autres humoristes (Katherine Levac et Pierre-Yves Roy-Desmarais, pour ne nommer que ceux-là.) « Plusieurs affaires m’intéressaient : les sketchs, les shows thématiques, la baladodiffusion. Ce qui m’a ultimement bien servi ! Tant que tu écris et que tu joues, que ce soit sur le Web ou sur la scène, tu peux avancer dans ce métier. »

Ayant maintenant pris leur place, les deux envisagent la suite de la même façon : faire ce métier aussi longtemps que possible.

« Ma job, c'est d'avoir du fun. S'amuser pendant son spectacle, ça change la donne. C'est un choix. »

« J'ai encore le trac. Quelques minutes avant de faire mon entrée sur scène, je vais écouter le bruit de la foule en coulisses. Ça me remplit d'énergie. »

Saine compétition

Ils ont tous deux des billets à vendre pour leur spectacle, mais ni l’un ni l’autre ne souhaite voler la vedette à son comparse. Ils se respectent profondément.

« On a envie que tout le monde réussisse, lance Guillaume avec conviction. Je sais qu’au niveau culturel, en général, c’est plus difficile en ce moment. Mais l’humour va bien. »

David abonde dans le sens de son collègue et approfondit sa pensée : « Avant, tu n’avais que quelques humoristes qui vendaient la quasi-totalité des billets. Aujourd’hui, la tarte se divise et c’est une bonne chose. Il y a plus d’humoristes, oui, mais aussi une diversité plus riche qu’il y a 10 ans. »

Les spectateurs québécois vouent un amour hors norme à leurs raconteurs de blagues, si bien que chaque année, les spectacles d’humour sont parmi les plus courus dans les espaces de diffusion de la province. Les salles sont combles, les humoristes enchaînant les supplémentaires. Une tendance qui ne semble absolument pas s’essouffler.

L’important, c’est de s’amuser

La préparation en amont d’une représentation est la clé, autant pour Guillaume que pour David, afin qu’ils développent un état d’esprit essentiel pour donner le meilleur d’eux-mêmes à leur public, mais aussi pour qu’ils profitent au maximum de leur soirée. C’est ce qu’ils nomment tous les deux « le mode show ».

« J’approche chaque spectacle comme une game de hockey », avoue David, pour qui une journée en tournée est calculée à la minute près — ou presque. Il a développé une méthodologie pour être à son meilleur pile-poil au moment où le rideau se lève : « J’ai une playlist d’avant et d’après show. J’ai des vêtements précis que je veux porter. Une heure à laquelle je réchauffe ma voix… »

Pareil pour Guillaume : il ne mange plus après une certaine heure, préfère repasser ses vêtements seul dans sa loge et met sa pommade dans ses cheveux 30 minutes avant d’entrer en scène. « Aussi, avant le lever du rideau, je demande toujours à mon grand-père que le show se passe bien », confie-t-il.

Parce que, même si leur spectacle est rodé à la perfection et qu’ils connaissent leurs blagues sur le bout des doigts, ce mode show est ce qui donnera le ton à leur soirée, leur faisant oublier stress et nervosité. Encore faut-il qu’ils n’oublient pas d’avoir du plaisir au travers de toute cette rigidité professionnelle !

« Il y a une phrase qu’on se fait dire et redire en coulisses et elle est peut-être devenue galvaudée, mais c’est Hey, amuse-toi », déclare David. « C’est tellement vrai », réplique Guillaume, pour qui le plus beau compliment reçu après un spectacle a été : « Ton show a vraiment l’air le fun à jouer. »

« Et moi, un spectateur m’a écrit pour me dire que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu quelqu’un avoir du fun comme moi sur scène », se remémore David à son tour.

Quand les humoristes s’amusent, tout va.