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écrit par Yann Fortier
Émile Proulx-Cloutier semble doté du précieux don de convertir tout ce qu’il touche en de vibrantes particules d’émotions. À l’écran, le comédien nous catapulte là où on l’attend rarement. Sur scène, l’auteur, compositeur et interprète propose des prestations à la fois intimes, intenses, légères, poétiques, abrasives, foisonnantes, passionnantes, accessibles et inoubliables.
« Depuis ma récente tournée, un espace de joie s’est ouvert. »
Lancé en 2024, son tryptique Ma main au feu est le parfait témoignage de sa polyvalence, de son évolution et de sa joie de mijoter de magnifiques bulles de réflexions. « J’ai l’impression de m’éclater de plus en plus, en prenant davantage de liberté. Sur le plan créatif, je pense avoir trouvé ma maison. »
Dans cette maison, ses chansons, son piano, son charisme. L’artiste l’admet, ce nouveau spectacle en formule solo peut parfois lui donner le vertige. « C’est un réel défi, mais ça me convient bien, parce que ça me permet de mettre l’accent sur les paroles et les récits. »
De beaux accidents
Sur scène, Émile Proulx-Cloutier habite l’espace et ses chansons, nourris par son énergie et son engagement, y compris entre ses pièces, où fusent des histoires denses ou drôles. « Un bon spectacle, c’est comme un voyage où chaque spectateur emprunte un chemin inattendu, mais qui l’amène à la bonne place, après avoir passé par des détours imprévus. Ça implique une part d’émotion, de mise en danger, de grande préparation et de beaux accidents. »
Fort de trois albums et d’une décennie musicale, Émile Proulx-Cloutier a donc su bâtir une relation solide avec un auditoire diversifié, toujours plus curieux, ouvert et croissant. À l’occasion de sa tournée s’arrêtant à Repentigny en juin 2025, le public aura l’occasion d’entendre plusieurs titres issus de son répertoire, avec une attention particulière portée sur son envoûtant Ma main au feu.
Du plaisir dans l’air
Si vous croyez que ce spectacle propose deux heures de poésie sérieuse, vous aurez l’occasion d’ajouter le rire dans le spectre des émotions. « Dans la réalité, on peut passer de l’intensité à la douceur extrême pour ensuite passer à 10 minutes de blagues », illustre Émile Proulx-Cloutier.
Rire et plaisir. Ces mots reviennent souvent dans les propos de l’artiste. Cela est en partie attribuable à sa manière d’aborder la scène. « Au fil du temps, j’ai complètement changé ma relation avec mes autres formes de création. Je ne suis plus le même acteur. J’ai l’impression d’avoir explosé mes limites, dans ma tête, dans mon coeur et dans ma voix. Et grâce à la musique, un espace de liberté a été conquis. »
Il signale que sa manière de concevoir ses spectacles a aussi évolué, en grande partie grâce à sa collaboration sur des projets avec sa conjointe, Anaïs Barbeau-Lavalette. Du nombre, le documentaire scénique Pas perdus poursuit son rayonnement, récemment présenté une nouvelle fois à Montréal, puis à Québec prochainement.
Quand l’art transforme
Sachez qu’Émile Proulx-Cloutier apprécie toujours les échanges avec le public après ses spectacles. Ces rencontres lui font réaliser l’impact émotionnel et intime de ses créations. « Ce qui me touche particulièrement, c’est de voir à quel point une chanson peut résonner profondément chez une personne, à un moment précis de sa vie. Ces moments privilégiés m’aident à saisir toute la portée de mes chansons et, en même temps, de comprendre la véritable puissance de la musique. »
Si bien qu’il aborde son rapport à la scène avec une nouvelle perspective. « Avant, j’avais l’ambition d’apprendre, pour devenir meilleur. Mais, parfois, j’oubliais d’avoir du plaisir. Depuis ma récente tournée, un espace de joie s’est ouvert. Je savoure mieux chaque instant, en partageant mon fun avec le public. Le stress de la performance a laissé place au bonheur d’offrir quelque chose à vivre avec les spectateurs. Aujourd’hui, avant de monter sur scène, au lieu de me demander si tout ira bien, je me rappelle la chance que j’ai d’être là. »
Une chance qu’il faut absolument saisir.
05
juin 25Théâtre Alphonse-Desjardins